Au cours de cet incendie, l’emblématique flèche ainsi que toute la toiture sont parties en fumée et il est question de les reconstruire. Le débat est fort autour de ce sujet, puisque l’idée de reconstruire un bâtiment historique en 2019 inquiète les amoureux de l’architecture et du patrimoine. En effet, nombre d’entre eux craignent de perdre l’identité originelle de Notre-Dame.
Ceci est bien connu, moderniser est un mot qui fait généralement peur. En effet, le débat est lancé : « doit-on la reconstruire à l’identique ? » ou « doit-on adapter Notre-Dame à 2019 ? ». La reconstruire à l’identique signifie refaire la flèche de Notre-Dame à l’identique, comme on la connaît, en utilisant donc les mêmes matériaux et en conservant le même style. L’adapter aux goûts du jour insinue repenser la flèche, la moderniser, lui donner une nouvelle allure, et utiliser de nouveaux matériaux.
Audrey Azoulay, directrice générale de l’Unesco, tente d’apporter des réponses afin de calmer le débat. Elle affirme que la doctrine qui régit la restauration d’un monument « n’est pas figée ».
Elle reconnaît toutefois que la charte de l’Unesco demande que l’on restaure un monument endommagé selon son dernier état « complet, cohérent et connu ».
Cependant, au-delà de cette doctrine, un concours d’architecture est ouvert en vue de trouver la meilleure proposition et l’architecte le plus ambitieux pour la reconstruction.
L’influence du monde moderne sur le projet de reconstruction de Notre-Dame
Comme dit précédemment, ce débat oppose deux parties : ceux qui souhaitent rebâtir la cathédrale à l’identique et ceux qui veulent l’adapter aux techniques et enjeux de l’époque en modernisant cette flèche.
C’est là que beaucoup commencent à comprendre et à réaliser l’intérêt d’utiliser les nouvelles technologies et les solutions digitales dans le domaine de la construction. Le projet commence par des modélisations 3D d’une nouvelle flèche, ce qui permet de visualiser clairement ce à quoi pourrait ressembler Notre-Dame restaurée (ces modélisations 3D affluent sur les réseaux sociaux et nous offrent un panel énorme de propositions parodiées.)
De manière plus sérieuse, grâce à Andrew Tallon, un universitaire américain, un ensemble de données numériques sur la cathédrale est disponible. En effet, M. Tallon a scanné l’intégralité de la cathédrale au laser : il a mesuré la distance entre les piliers, les murs, les statues, etc. Chaque forme a été passée au laser. Pour faire cela, il a placé son laser et des cibles géolocalisées dans tous les recoins de la cathédrale. À l’aide de cette technique, il a enregistré plus d’un milliard de points avec une très grande précision.
Nous ne savons pas encore comment ces précieuses informations seront utilisées, mais nous pouvons imaginer que le BIM serait la réponse adéquate. Nous rappelons que BIM signifie « Building Information Modeling », ce qui se traduit littéralement par « la modélisation des informations du bâtiment ».
5 ans pour reconstruire la cathédrale de Notre-Dame
Le président français Emmanuel Macron s’est donné pour objectif de reconstruire la cathédrale en 5 ans. Cette déclaration a surpris, et en particulier la brièveté du délai annoncé. Reconstruire ce joyau du patrimoine mondial de l’Unesco en 5 ans est un projet qui frise la folie,
Pour cela, le président français a pour ambition de recourir à une loi d’exception afin d’accélérer les travaux. Cette ambition est vivement critiquée par un groupe de 1100 experts de la construction qui ont rédigé une lettre ouverte au président dans le but de lui faire part de leur désaccord face à cette décision de précipiter la reconstruction. Le débat autour de ce délai est houleux : l’objectif de 5 ans n’est-il pas excessivement ambitieux ? La ±ç³Ü²¹±ô¾±³Ùé n’en souffrira-t-elle pas ?
estime, au vu des dégâts colossaux subis au niveau de la toiture, de la charpente, et de la flèche, qu’environ quinze années de travaux seront nécessaires. En effet, avec un délai si court, on est en droit de se demander si ce chantier ne pas va être réalisé de manière trop précipitée et si les bonnes questions auront eu le temps d’être posées quant à la construction.
Et c’est justement la même inquiétude dont Étienne Hamon, professeur d’histoire de l’art du Moyen-Âge à l’université de Lille, faisait part sur la chaîne France 24.
Ce dernier craint avant tout le risque technique lié à cette précipitation : « construire un monument, cela peut se faire rapidement avec les moyens et les techniques modernes, mais la restauration est infiniment plus complexe si l’on veut que celle-ci soit pérenne.»
Il ajoute d’autre part que si les experts mandatés sont sous la pression des autorités en charge du projet, ils pourraient ne pas avoir le temps de se poser les bonnes questions ou de prendre en compte toutes les variables nécessaires pour que l’édifice soit viable pour les années à venir. Comment pouvons-nous affirmer que la charpente peut être reconstruite si nous ne prenons pas le temps de vérifier pierre par pierre que la chaleur de l’incendie n’a pas affaibli la maçonnerie de l’édifice ?
De nombreux exemples nous ont démontré que la précipitation sur un chantier n’est jamais synonyme de ±ç³Ü²¹±ô¾±³Ùé et de sécurité. Et c’est bien ce qui inquiète les professionnels du monde de la construction… Afin de réaliser au mieux un défi de construction, ľ¹ÏÖ±²¥ recommande de trouver la meilleure combinaison possible entre les trois variables nécessaires à la réussite d’un projet : les personnes, les processus et les outils.